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L’Assassinat du Comte Folke Bernadotte

Folke Bernadotte était un diplomate suédois, noble et humanitaire dont la vie fut étroitement liée à certains des événements les plus tumultueux du milieu du XXe siècle. Né en 1895 dans la famille royale suédoise, Bernadotte acquit une reconnaissance internationale au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale pour avoir négocié la libération de plus de 30 000 prisonniers – dont beaucoup issus de camps de concentration nazis – grâce à son leadership de la mission de sauvetage des « Bus Blancs ». Sa réputation de négociateur neutre, compatissant et pragmatique en fit l’une des figures humanitaires les plus respectées d’Europe.

En 1948, alors que les Nations Unies nouvellement formées affrontaient leur première épreuve majeure au Moyen-Orient, Bernadotte fut nommé premier médiateur officiel de l’organisation. Le conflit arabo-israélien, qui éclata après le Plan de partage de l’ONU et la déclaration de l’État d’Israël, s’était rapidement transformé en guerre totale entre forces juives et arabes. L’ONU cherchait un médiateur capable d’agir impartialement entre les deux parties, de jouir du respect international et de posséder les compétences diplomatiques nécessaires pour naviguer dans une situation extrêmement volatile. Le bilan éprouvé de Bernadotte en matière de négociation, sa neutralité en tant que Suédois et son expérience humanitaire pendant la guerre en firent un candidat idéal pour cette mission délicate et inédite.

Réalisations humanitaires et diplomatiques

Avant son implication dans le conflit arabo-israélien, le comte Folke Bernadotte avait déjà acquis une réputation durable d’humanitaire et de diplomate. Sa réalisation la plus remarquable survint au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il dirigea une audacieuse mission de sauvetage qui sauva des dizaines de milliers de personnes des camps de concentration nazis. En tant que vice-président de la Croix-Rouge suédoise, Bernadotte utilisa ses relations diplomatiques, son tempérament calme et son courage moral pour négocier directement avec de hauts responsables nazis, dont Heinrich Himmler, l’une des figures les plus puissantes du Troisième Reich.

Grâce à une combinaison de persévérance, de tact et de neutralité stratégique, Bernadotte obtint la libération et l’évacuation d’environ 30 000 prisonniers des camps allemands au début de 1945. Parmi les libérés figuraient des Scandinaves, des Français, des Polonais et un nombre significatif de prisonniers juifs qui faisaient face à une mort imminente alors que le régime nazi s’effondrait. Ses efforts culminèrent avec la création d’une opération de sauvetage audacieuse connue sous le nom de « Bus Blancs ».

Le projet des Bus Blancs fut une innovation logistique et humanitaire. Bernadotte organisa un convoi d’autobus, de camions et d’ambulances – peints entièrement en blanc et marqués de grandes croix rouges – pour les rendre visibles en tant que véhicules neutres au milieu du chaos de la guerre. Ces véhicules traversèrent des zones de combat dangereuses en Allemagne et en Europe occupée, collectant des prisonniers dans des camps de concentration tels que Ravensbrück, Dachau et Neuengamme, et les transportant en sécurité en Suède neutre. La couleur blanche des bus fut choisie délibérément pour les distinguer des transports militaires et signaler leur objectif humanitaire – une idée qui influencera plus tard la pratique moderne de marquage des véhicules humanitaires et médicaux dans les zones de conflit pour garantir leur protection en vertu du droit international.

La mission de Bernadotte n’était pas exempte de périls. Les convois opéraient sous la menace constante d’attaques par des bombardiers alliés, ainsi que d’obstructions de la part de commandants nazis locaux. Malgré ces défis, l’opération dépassa toutes les attentes, sauvant des milliers de vies et démontrant comment la négociation diplomatique, même avec les régimes les plus impitoyables, pouvait produire des résultats humanitaires tangibles.

Pour son leadership et son courage, Bernadotte fut célébré internationalement comme un symbole d’intégrité morale et de compassion pratique. Son travail avec la Croix-Rouge suédoise incarna les idéaux les plus élevés de neutralité et de service humanitaire – des principes qui guideront plus tard sa nomination en tant que premier médiateur des Nations Unies. L’opération des Bus Blancs non seulement sauva des vies, mais contribua également à poser les bases du droit humanitaire d’après-guerre et des pratiques modernes de maintien de la paix, faisant de Bernadotte un pionnier de la diplomatie humanitaire.

Nomination comme médiateur de l’ONU et mission de 1948

À la suite de son travail humanitaire extraordinaire pendant la Seconde Guerre mondiale, le comte Folke Bernadotte était devenu une figure de confiance internationale et d’autorité morale. Son bilan de neutralité, de diplomatie et de compassion conduisit les Nations Unies à le nommer premier médiateur officiel – un rôle nouveau et sans précédent dans la diplomatie internationale. En mai 1948, l’ONU faisait face à sa crise la plus urgente : l’éclatement d’une guerre totale en Palestine après la fin du mandat britannique et la déclaration de l’État d’Israël.

Le Plan de partage de l’ONU de 1947 (Résolution 181 de l’Assemblée générale) avait proposé de diviser le mandat britannique de Palestine en deux États indépendants – un juif et un arabe – avec Jérusalem placée sous administration internationale. Alors que les dirigeants juifs acceptèrent le plan comme une victoire diplomatique et une base légale pour la création d’un État, les Arabes palestiniens et les États arabes voisins le rejetèrent comme profondément injuste.

À l’époque, les Arabes palestiniens représentaient environ les deux tiers de la population, tandis que les Juifs n’en formaient qu’environ un tiers. Pourtant, le plan allouait 55 % de la superficie totale de la Palestine à l’État juif proposé, bien que la population juive possédât moins de 7 % des terres par titre légal. Le reste – principalement des territoires et des terres agricoles appartenant aux Arabes – devait former la base d’un État arabe fragmenté et économiquement affaibli. Pour les Palestiniens et le monde arabe plus large, cette partition ne représentait pas un compromis équitable, mais une forme de dépossession, orchestrée sous l’ombre du retrait colonial et de la culpabilité internationale après l’Holocauste.

Pour les dirigeants arabes et palestiniens, la décision de l’ONU violait à la fois le principe d’autodétermination et la réalité vécue de la propriété démographique et territoriale. Elle fut perçue comme l’imposition d’une entité politique étrangère sur une terre dont la population majoritaire n’avait ni consenti ni été consultée dans sa création. Le plan démantela effectivement l’unité de la Palestine historique et fut vu par les Arabes comme l’aboutissement d’un long processus de privation de droits commencé sous le mandat britannique et accéléré par des vagues d’immigration juive parrainées par le mouvement sioniste.

Ainsi, lorsque l’État d’Israël déclara son indépendance le 14 mai 1948, et que les armées arabes intervinrent le lendemain, la guerre ne fut pas perçue dans le monde arabe comme un acte d’agression, mais comme une tentative de résister à la partition imposée et de défendre l’intégrité territoriale et politique de la Palestine. C’est dans cette atmosphère – de guerre, de déplacement et de griefs historiques amers – que le comte Folke Bernadotte fut envoyé comme premier médiateur des Nations Unies.

Malgré sa réputation et sa sincérité, Bernadotte rencontra rapidement toute la force des convictions idéologiques et religieuses qui animaient le conflit. De nombreux dirigeants au sein du mouvement sioniste, y compris les nationalistes mainstream et les factions extrémistes telles que Lehi (le Gang Stern), croyaient que l’ensemble de la terre d’Eretz Israël, telle que décrite dans la Bible hébraïque, était le foyer éternel et divinement ordonné du peuple juif. Pour eux, ce mandat divin primait sur toute loi internationale, compromis politique ou négociation diplomatique. Le concept de partition – reconnaître un État arabe sur une partie quelconque de ce qu’ils considéraient comme un territoire sacré – n’était pas seulement une concession politique, mais une trahison spirituelle.

Cette croyance intransigeante en la souveraineté divine plaça la mission de Bernadotte en conflit direct avec le fondement idéologique de nombreux dirigeants sionistes, en particulier la clandestinité militante. Néanmoins, il persévéra, déterminé à trouver un terrain d’entente entre justice et pragmatisme. Ses efforts inlassables aboutirent à la première trêve de la guerre, déclarée le 11 juin 1948, suspendant temporairement les combats et permettant à l’aide humanitaire d’atteindre les civils des deux côtés.

Pendant cette trêve, Bernadotte élabora sa première proposition de paix, guidée par des principes d’équité et de préoccupation humanitaire. Il suggéra que Jérusalem soit placée sous contrôle international en raison de son importance religieuse universelle ; que les réfugiés palestiniens soient autorisés à retourner chez eux ou à recevoir une compensation ; et que des ajustements territoriaux soient effectués – attribuant la Galilée à Israël et le désert du Néguev aux Arabes – pour créer une répartition plus équitable des terres.

Bien que le plan reflétât la modération et un effort sincère de compromis, il fut immédiatement rejeté par les deux camps. Les gouvernements arabes le rejetèrent pour reconnaître implicitement l’existence d’Israël, tandis que de nombreuses factions sionistes, en particulier la droite extrême clandestine, le condamnèrent comme une trahison de la revendication juive sur tout Eretz Israël. Dans les cercles radicaux, Bernadotte fut perçu non comme un artisan de paix, mais comme un obstacle au destin divin – un fonctionnaire étranger osant interférer dans ce qu’ils considéraient comme l’accomplissement de la prophétie biblique.

Pourtant, Bernadotte continua de croire que la paix était possible si la raison et l’humanité l’emportaient sur l’idéologie et la vengeance. Il conserva sa foi en la diplomatie, même lorsque des groupes extrémistes commencèrent à considérer sa présence comme intolérable. Tragiquement, son engagement envers la paix et le droit international le conduisit bientôt à une confrontation fatale avec ceux qui croyaient que leur mission était sanctifiée par Dieu et donc au-delà de toute négociation.

L’Assassinat de Folke Bernadotte

En septembre 1948, la mission du comte Folke Bernadotte en Palestine l’avait placé au centre de l’un des conflits les plus volatils du XXe siècle. Son rôle de médiateur des Nations Unies exigeait la neutralité, mais la neutralité elle-même était devenue intolérable dans une guerre motivée par la peur existentielle et la conviction sacrée. Les parties opposées voyaient ses propositions de paix non comme des gestes de réconciliation, mais comme des menaces à leur légitimité et à leur dessein divin.

Pour les États arabes, la médiation de Bernadotte reconnaissait implicitement l’État d’Israël – ce qu’ils considéraient comme une violation inacceptable des droits arabes et palestiniens. Pour le mouvement sioniste, en particulier ses factions militantes, ses propositions étaient perçues comme une tentative de priver de terres qu’ils croyaient divinement promises au peuple juif. L’idée qu’un organe international – ou un diplomate étranger – puisse redessiner les frontières d’Eretz Israël selon des convenances politiques était, pour eux, une forme d’hérésie.

Parmi les plus extrêmes de ces groupes figurait Lehi, également connu sous le nom de Gang Stern, une organisation clandestine sioniste qui prônait depuis longtemps l’usage de la lutte armée pour expulser à la fois les forces britanniques et arabes de la terre d’Israël. Les membres de Lehi croyaient accomplir un devoir sacré de reconquérir tout Israël biblique et rejetaient tout compromis reconnaissant la souveraineté arabe sur ce qu’ils considéraient comme un sol sacré. Pour eux, le plan de paix de Bernadotte – appelant au contrôle international de Jérusalem, au retour des réfugiés palestiniens et à des concessions territoriales aux Arabes – n’était pas un effort diplomatique, mais un acte de trahison contre la promesse de Dieu et le destin de la nation juive.

Le 17 septembre 1948, la vie de Bernadotte prit fin violemment. Voyageant dans un convoi marqué de l’ONU à travers le quartier de Katamon à Jérusalem, accompagné de l’officier français de l’ONU colonel André Serot, il fut pris en embuscade par des militants de Lehi déguisés en soldats israéliens. Alors que les véhicules ralentissaient à un barrage routier, l’un des assaillants – identifié plus tard comme Yehoshua Cohen – s’approcha de la voiture de Bernadotte et tira plusieurs coups à bout portant, tuant instantanément Bernadotte et Serot.

L’assassinat choqua le monde. Bernadotte était désarmé, voyageant sous la protection du droit international et engagé uniquement dans une mission humanitaire et diplomatique. Son meurtre représenta non seulement une attaque contre un homme, mais une agression contre l’autorité même des Nations Unies et l’idéal fragile du maintien de la paix internationale.

Dans l’immédiat après-coup, le gouvernement provisoire israélien, dirigé par David Ben-Gurion, condamna publiquement le meurtre et interdit Lehi et Irgoun, l’autre grande milice clandestine. Cependant, la réponse s’arrêta avant une pleine responsabilité. Bien que plusieurs membres de Lehi aient été arrêtés, aucun ne fut jamais condamné pour le crime. En quelques années, l’organisation reçut l’amnistie, et certains de ses anciens membres occupèrent des postes dans le gouvernement israélien.

Sur le plan international, l’assassinat de Bernadotte suscita l’indignation et le deuil, particulièrement en Suède et aux Nations Unies. L’Assemblée générale de l’ONU lui rendit un hommage solennel, et sa mort galvanisa les efforts pour établir un maintien de la paix plus structuré et une protection pour le personnel de l’ONU dans les zones de conflit. Pourtant, politiquement, sa mission resta inachevée. Son adjoint, Dr Ralph Bunche, reprit plus tard son travail et négocia avec succès les accords d’armistice de 1949, pour lesquels Bunche reçut le prix Nobel de la paix.

Pour de nombreux historiens, l’assassinat de Bernadotte symbolisa la collision entre le nationalisme sacré et la diplomatie internationale – entre une vision du monde ancrée dans un droit divin et une autre fondée sur le compromis et le droit humanitaire. Sa mort révéla les limites de la persuasion morale face à l’idéologie militante et le danger encouru par ceux qui tentent de médier entre des absolus incompatibles.

L’héritage du comte Folke Bernadotte perdure non seulement dans la tragédie de son assassinat, mais dans les idéaux pour lesquels il s’est battu : la raison sur le fanatisme, le droit sur la violence, et la conviction que même dans les lieux les plus divisés du monde, la paix est un impératif moral qui vaut la peine de mourir pour.

Conséquences et héritage

L’assassinat du comte Folke Bernadotte le 17 septembre 1948 envoya des ondes de choc à travers la communauté internationale. Ce fut la première fois qu’un représentant des Nations Unies nouvellement fondées fut délibérément assassiné en accomplissant une mission de paix. Pour beaucoup, le meurtre symbolisa la fragilité du droit international dans une ère encore sous le choc de la guerre mondiale et du génocide. Il exposa également les tensions entre l’État israélien émergent, enraciné dans une vision nationaliste et religieuse de la souveraineté, et les idéaux globaux de paix, de négociation et de responsabilité incarnés par Bernadotte.

En Suède, la mort de Bernadotte fut accueillie avec un deuil profond et de l’indignation. Il était un héros national – admiré pour ses efforts humanitaires en temps de guerre et considéré comme une voix morale dans les affaires mondiales. Les journaux suédois dénoncèrent l’assassinat comme une atrocité et exigèrent justice. Le gouvernement suédois déposa des protestations formelles auprès d’Israël et des Nations Unies, mais la prudence diplomatique tempéra bientôt l’indignation. Dans les premières années de l’État d’Israël, peu de nations souhaitaient compromettre leurs relations avec le jeune pays, et la Suède, malgré sa colère, finit par laisser l’affaire s’estomper dans l’histoire sans confrontation supplémentaire.

Les Nations Unies répondirent à l’assassinat de Bernadotte en réaffirmant leur engagement envers le maintien de la paix et la protection de leurs représentants dans les zones de conflit. Son adjoint, Dr Ralph Bunche, un diplomate et érudit américain, fut nommé pour poursuivre la mission de Bernadotte. Les négociations patientes de Bunche produisirent les accords d’armistice de 1949, qui établirent les lignes de cessez-le-feu entre Israël et ses voisins arabes. Pour cette réalisation, Bunche reçut le prix Nobel de la paix, le premier Afro-Américain à le faire. Pourtant, il fut largement reconnu que son succès reposait sur les fondations posées par le travail et le sacrifice de Bernadotte.

En Israël, la réponse fut plus ambiguë. Le gouvernement provisoire condamna publiquement l’assassinat et interdit les groupes extrémistes responsables, mais sa poursuite de la justice fut limitée. Bien que des membres de Lehi aient été arrêtés, aucun ne fut jamais poursuivi pour le meurtre de Bernadotte. Quelques années plus tard, sous une amnistie générale, les anciens membres de Lehi furent libérés des conséquences légales et certains occupèrent des postes dans la vie publique israélienne – notamment Yitzhak Shamir, qui devint plus tard Premier ministre d’Israël.

L’ironie la plus frappante est peut-être que Yehoshua Cohen, le militant de Lehi identifié comme le tireur ayant tiré les coups fatals sur Bernadotte et le colonel André Serot, devint un ami proche et garde du corps personnel de David Ben-Gurion, le Premier ministre fondateur d’Israël. Cohen s’installa plus tard dans le kibboutz du Néguev de Sde Boker, où Ben-Gurion prit sa retraite ; les deux vécurent côte à côte pendant des années, marchant et conversant quotidiennement. Le fait que l’assassin du premier médiateur de paix de l’ONU ait fini par protéger l’homme qui avait construit l’État ayant condamné le meurtre révèle l’hypocrisie morale des premières années d’Israël.

Les implications morales et politiques de l’assassinat de Bernadotte continuent de résonner. Sa mort révéla comment le nationalisme religieux, lorsqu’il est fusionné avec le pouvoir politique, peut rendre le compromis impossible et transformer les médiateurs en ennemis. Pour Bernadotte, la diplomatie était une extension de l’humanitarisme – une croyance que le dialogue et l’empathie pouvaient surmonter la haine et la peur. Pour ses assassins et l’idéologie qui les inspirait, la terre elle-même était sacrée, et la négociation équivalait à renoncer à un droit divin. Cette confrontation entre la moralité universelle et le nationalisme sacré résonnera dans les conflits ultérieurs au Moyen-Orient et reste l’un des défis durables de la construction de la paix.

Malgré la tragédie de sa mort, l’héritage de Bernadotte perdure dans les institutions et les idéaux qu’il a contribué à façonner. Ses innovations humanitaires – telles que les Bus Blancs et son insistance sur la neutralité des opérations de secours – ont ouvert la voie à la pratique moderne de marquage des véhicules et du personnel humanitaires pour leur protection en vertu du droit international. Son service en tant que médiateur de l’ONU a jeté les bases des futures missions de maintien de la paix de l’ONU, établissant des précédents pour la neutralité, l’accès humanitaire et l’utilisation de la diplomatie dans les zones de guerre actives.

Le comte Folke Bernadotte est aujourd’hui rappelé non seulement comme une victime de l’extrémisme politique, mais comme un symbole de courage moral et de conscience internationale. Sa vie relia les mondes de l’aide humanitaire et de la diplomatie globale, et sa mort souligna les risques encourus par ceux qui se tiennent entre la violence et la paix. Bien que sa mission en Palestine soit restée inachevée, les principes qu’il a vécus – compassion, neutralité et une foi inébranlable dans la valeur de la vie humaine – restent essentiels à tout effort de paix de notre époque.

Conclusion

L’assassinat du comte Folke Bernadotte en 1948 ne fut pas seulement le silence d’un homme, mais aussi un coup symbolique porté aux idéaux de paix et de diplomatie morale qu’il représentait. Sa mort marqua l’un des premiers et des plus douloureux échecs des Nations Unies dans leur tentative de médiation dans un monde d’après-guerre encore en lutte pour maintenir la justice et l’humanité. Pour la Suède, la perte fut profondément personnelle. Bernadotte était un héros national – un homme de naissance noble qui utilisa sa position et son influence au service des autres. Le refus d’Israël de traduire ses assassins en justice laissa une blessure dans les relations suédo-israéliennes qui n’a jamais complètement cicatrisé. À ce jour, ces relations restent froides, et la famille royale suédoise n’a jamais effectué de visite officielle en Israël, un témoignage silencieux à l’ombre persistante de ce crime.

Pourtant, la mémoire de Bernadotte n’appartient pas à la Suède seule. Il est également rappelé et honoré par le peuple palestinien, qui vit en lui l’une des rares figures internationales prêtes à affronter la tragédie qui se déroulait dans leur patrie. Alors que la Nakba – le déplacement massif des Palestiniens en 1948 – arracha des centaines de milliers de personnes à leurs foyers, Bernadotte se tint presque seul parmi les diplomates mondiaux pour insister sur leur droit au retour et condamner l’injustice de l’exil permanent. Ses propositions, ancrées dans l’équité et le principe humanitaire, offrirent aux déplacés une vision de dignité et de restauration qui reste encore à réaliser.

En reconnaissance de sa compassion et de son courage, les habitants de Gaza Ville nommèrent une rue en son honneur : Rue du Comte Bernadotte (شارع كونت برنادوت), située dans le quartier sud de Rimal. Le simple panneau bleu, inscrit en arabe et en anglais, se tint pendant des décennies comme un hommage discret au médiateur suédois qui mourut en essayant d’apporter la paix à leur terre. Il symbolisait non seulement la gratitude, mais aussi le souvenir – un pont entre la vision morale de Bernadotte et la lutte persistante d’un peuple encore en quête de justice.

Aujourd’hui, cette rue – et une grande partie de Gaza Ville qui l’entoure – gît en ruines. Depuis la dévastation déchaînée sur Gaza à partir de 2023, le quartier de Rimal a été réduit en décombres. La destruction de la Rue du Comte Bernadotte est plus que la perte d’une plaque signalétique ; c’est l’effacement d’une mémoire et un miroir de la souffrance que Bernadotte tenta autrefois d’empêcher.

Il y a une symétrie tragique dans cette image : un homme qui traversa les lignes de front pour sauver les persécutés est commémoré dans une rue désormais enfouie sous les débris de la guerre. Pourtant, même en ruine, son nom perdure – comme il le fait en Suède, aux Nations Unies et dans les cœurs de ceux qui croient encore en sa mission. L’héritage du comte Folke Bernadotte appartient à tous ceux qui honorent le courage, la compassion et la conviction que la paix, aussi fragile soit-elle, est un devoir dû à toute l’humanité.

Références

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