Le 17 septembre 1948, le comte Folke Bernadotte, diplomate suédois et médiateur
des Nations Unies pour la Palestine, fut assassiné à Jérusalem aux côtés du
colonel français André Serot, observateur de l'ONU. L'attaque, perpétrée par le
groupe paramilitaire sioniste Lehi (également connu sous le nom de Gang Stern),
marqua un moment crucial et tragique dans le conflit arabo-israélien naissant.
La mort de Bernadotte mit fin à la vie d'un humanitaire dévoué et d'un
médiateur, soulignant les immenses défis auxquels étaient confrontés les
efforts de paix dans la région.
Folke Bernadotte, membre de la famille royale suédoise, était un diplomate
expérimenté avec un bilan remarquable en matière de service humanitaire. En mai
1948, les Nations Unies le nommèrent premier médiateur officiel pour la
Palestine, chargé de résoudre le conflit arabo-israélien qui s'intensifiait.
Le conflit, déclenché par la déclaration d'indépendance d'Israël et le plan de
partage de l'ONU de 1947, opposait Israël à une coalition d'États arabes,
chacun rejetant certains aspects du plan de division du territoire.
La mission de Bernadotte était ardue. En juin 1948, il parvint à négocier une trêve temporaire, mettant fin aux combats. Il présenta ensuite deux plans de paix. Le premier proposait une union entre un État juif et un État arabe, avec Jérusalem sous contrôle arabe, tandis que le plan révisé, soumis en septembre 1948, prévoyait que Jérusalem devienne une ville internationale et suggérait des ajustements territoriaux, notamment la cession du Néguev aux Arabes et de la Galilée à Israël. Les deux plans furent rejetés par les dirigeants israéliens et arabes, qui les jugeaient incompatibles avec leurs ambitions territoriales respectives.
Avant son rôle à l'ONU, Bernadotte s'était distingué par son travail humanitaire pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que vice-président de la Croix-Rouge suédoise. De 1943 à 1945, il dirigea des efforts pour aider les prisonniers de guerre et les civils touchés par le conflit. Son exploit le plus notable fut l'opération des « Bus Blancs » en 1945, au cours de laquelle il négocia avec des responsables nazis, dont Heinrich Himmler, pour obtenir la libération de plus de 30 000 prisonniers – principalement scandinaves, mais aussi juifs et autres non-scandinaves – des camps de concentration comme Ravensbrück et Theresienstadt. Cette opération, menée dans des conditions périlleuses à l'approche de la fin de la guerre, transporta les prisonniers en sécurité en Suède à bord de bus peints en blanc pour signifier leur statut neutre.
La diplomatie et le courage de Bernadotte sauvèrent des milliers de vies, lui valant un respect international en tant qu'humanitaire. Son expérience en temps de guerre, mêlant négociation et action, le prépara au rôle complexe de médiateur en Palestine, où il chercha à appliquer les mêmes principes d'impartialité et de compassion.
Le 17 septembre 1948, le convoi de Bernadotte fut pris en embuscade dans le quartier de Katamon à Jérusalem, une zone sous contrôle israélien. Les assaillants étaient membres de Lehi, un groupe sioniste radical qui s'était séparé de l'Irgoun et était connu pour ses tactiques violentes. L'opération fut planifiée par les dirigeants de Lehi, dont Yitzhak Shamir, qui devint plus tard Premier ministre d'Israël. Quatre hommes armés arrêtèrent le véhicule de Bernadotte, et l'un d'eux, Yehoshua Cohen, tira à bout portant, tuant Bernadotte de six balles dans la poitrine et Serot de tirs dans la tête. Les assaillants s'enfuirent, laissant la communauté internationale sous le choc.
Le motif de Lehi était leur opposition aux propositions de paix de Bernadotte, qu'ils considéraient comme une menace pour leur vision d'un Grand Israël englobant toute la Palestine mandataire. Ils craignaient que la direction israélienne, sous David Ben-Gurion, n'accepte le plan du médiateur, en particulier ses dispositions concernant une Jérusalem internationalisée et des concessions territoriales.
L'assassinat suscita une condamnation immédiate. Le Conseil de sécurité des Nations Unies qualifia l'acte de « lâche », et les dirigeants mondiaux pleurèrent la perte d'un artisan de la paix dévoué. En Israël, le gouvernement dénonça le meurtre, qualifia Lehi d'organisation terroriste et arrêta environ 200 de ses membres. Cependant, personne ne fut condamné pour les meurtres en raison des défis d'enquête et du contexte de guerre. Une amnistie générale accordée aux membres de Lehi avant les premières élections israéliennes de 1949 permit à des figures clés d'échapper à la justice.
La mort de Bernadotte mit fin à ses efforts de médiation, mais son travail eut un impact durable. Ses propositions et négociations de trêve jetèrent les bases de l'Agence des Nations Unies pour les secours et les travaux (UNRWA), qui soutient les réfugiés palestiniens, et de l'Organisation des Nations Unies pour la supervision de la trêve (UNTSO), qui surveille les cessez-le-feu dans la région. Son assassinat mit en lumière les défis du maintien de la paix dans un conflit profondément divisé, soulignant les risques auxquels sont confrontés les médiateurs internationaux.
L'assassinat de Folke Bernadotte le 17 septembre 1948 fut un coup tragique porté aux efforts initiaux pour résoudre le conflit arabo-israélien. Son héritage humanitaire, allant du sauvetage de milliers de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale à sa médiation de principe en Palestine, témoigne de son engagement envers la paix et la justice. Les institutions qu'il a contribué à inspirer, comme l'UNRWA et l'UNTSO, continuent de jouer des rôles essentiels dans la région. La mort de Bernadotte reste un rappel poignant des sacrifices consentis par ceux qui s'efforcent de promouvoir la réconciliation dans l'un des conflits les plus durables du XXe siècle.
L'assassinat de Folke Bernadotte et d'André Serot par Lehi fut un acte calculé qui réduisit au silence un géant humanitaire à un moment crucial. De ses sauvetages héroïques en temps de guerre à sa médiation à l'ONU, la vie de Bernadotte fut dédiée au service des autres. Bien que ses plans de paix aient été interrompus, ses contributions à l'humanitaire et au maintien de la paix internationale demeurent une lueur d'espoir, reflétant le besoin constant de dialogue et de compassion pour résoudre les conflits.